Hôpital psychiatrique Marchant, sale été pour les jeunes

dimanche 19 mars 2023 , par monik dans Ici et là


Manifestation contre la fermeture provisoire de la seule unité d’hospitalisation de toute la région pour les jeunes de 16 à 25 ans souffrant de troubles psychiques

Soignants, éducateurs, politiques, ils sont venus nombreux, ce 9 mars, devant l’hôpital psychiatrique Marchant à Toulouse, soutenir l’équipe du PAJA (pavillon d’admission pour jeunes adultes), seule unité d’hospitalisation de toute la région destinée aux jeunes de 16 à 25 ans souffrant de troubles psychiques. La direction a décidé de manière « autoritaire et unilatérale, sans aucune concertation », dénonce un tract de la CGT, de fermer temporairement ce service, de fin juin à début septembre, pour que les soignants aillent renforcer les services d’admission et de suite pour adultes, qui manquent de personnel.
Temporairement ? Yan Cougoureux, infirmier en pédopsychiatrie à l’hôpital de Saint-Girons, en Ariège, qui envoie régulièrement des jeunes dont il s’occupe au PAJA, n’y croit pas. « On sait ce que veut dire provisoire ! En Ariège, au CHAC (Centre hospitalier Ariège Couserans) les urgences sont fermées pour l’été… depuis le mois de juin. L’été dans le Couserans est super long ! Il y a également le court séjour gériatrique fermé provisoirement depuis deux ans ou les lits de réadaptation neurologique depuis cinq ans. »
Un jeune sur cinq en dépression
Une telle décision surprend tant les chiffres concernant l’état psychique des jeunes se sont envolés depuis la pandémie. Aujourd’hui, en France, un jeune sur cinq est atteint de dépression et un jeune sur six d’un trouble psychique ou psychiatrique. Pourtant, une prise en charge précoce des pathologies émergentes peut éviter la chronicisation des troubles, car, souvent, les premiers troubles psychiatriques apparaissent tôt. « Une bonne prise en charge à 17 ans évite les drames à 20 ans. C’est aussi un moyen d’éviter plus tard des séjours à l’hôpital psychiatrique », souligne Julien Buzalka infirmier au PAJA Créé en 2011, le PAJA accueille 12 jeunes qui vivent entre eux et sont encadrés en permanence par une équipe de trois infirmiers et une aide soignante, soit trois équipes pour le matin, l’après-midi et le soir. Les patients restent environ un mois et demi et quand ils quittent l’hôpital bénéficient d’un suivi psychiatrique proche de chez eux.
Le direction hésite encore entre suspendre les admissions de jeunes pendant l’été ou les accueillir avec les adultes. Ce que redoute l’équipe du PAJA, car ils seraient moins bien encadrés et se retrouveraient avec des adultes souffrant de pathologies lourdes et chroniques.
Accueil inadapté avec les adultes
« Cela risque d’être très compliqué pour les jeunes », ajoute Julien Buzalka. Car ils sont aussi plus vulnérables et « pourraient faire l’objet de harcèlement sexuel ou de racket ». Dans le PAJA, les jeunes sont « comme dans un cocon » et sont accompagnés progressivement dans leur retour à l’école ou chez eux. Quand ils quittent le service, un CMP (centre médico-psychologique) prend le relais et c’est cette permanence des soins qui peut éviter une réhospitalisation.
Afin d’éviter la fermeture du PAJA pour laquelle existe une longue liste d’attente de plusieurs semaines, tant les besoins sont criants, Guillaume Lahellec, infirmier et secrétaire du syndicat SUD propose quelques pistes pour pallier le manque de personnel : « Il faudrait stagiairiser les contractuels dans des services en pénurie ». Pour devenir fonctionnaire dans la fonction publique hospitalière, un candidat commence comme contractuel avant de devenir stagiaire pendant un an. Or, l’administration leur propose des contrats à répétitions. « Pour les fidéliser, il faudrait les stagiairiser rapidement ou leur proposer des primes à l’installation comme le font certains hôpitaux », poursuit-il. Face aux conditions de travail et à la maltraitance institutionnelle induite par le sous effectif : 30% des jeunes diplômés infirmiers abandonnent la profession dans les cinq ans qui suivent l’obtention de leur diplôme.

Commenter

Sur le même thème

Le sens de l’effort
lundi 27 mars 2023