LE PROCÈS DE L’ACCESSIBILITÉ … À LA JUSTICE AUSSI !

mercredi 24 mars 2021 , par Tv Bruits dans VIDEOS DE TV BRUITS


Procès Militants Handicap

Seize prévenu-e-s, dont Odile Maurin, ont comparu hier devant le tribunal de Toulouse pour avoir bloqué des avions et un TGV. Mais c’est en fait la justice qui est apparue comme la principale accusée, incapable de s’appliquer à elle-même les lois sur l’accessibilité…

« Raide comme la justice » : jamais un telle expression n’aura sonné si juste qu’hier au palais de justice de Toulouse.

Y ont comparu lors d’une audience organisée dans des conditions déplorables 16 personnes, dont une dizaine souffrant de graves handicaps, rudement mises à l’épreuve au cours d’une audience marathon d’une durée de plus de 8 heures !

Les 16 prévenu-e-s sont ressorti-e-s du tribunal à minuit, après avoir été obligé-e-s de mener de 22 heures à minuit l’ultime combat de cette éprouvante journée : refuser durant deux heures de plus de sortir du tribunal tant que chacun-e d’entre elles et eux ne seraient pas assuré-e-s de pouvoir regagner son domicile dans des conditions correctes à minima !

Comme une dernière couche de honte sur la honte épaisse qui a plané tout au long de cette après-midi et de cette soirée sur la façon dont notre pays traite ses citoyen-nes souffrant de handicaps qu’ils et elles n’ont bien sûr pas voulu. Et ceci en violation des lois internationales et nationales que la France est censée respecter…

Mais hier mention particulière à l’institution judiciaire, qui a maltraité aux sens propre et figuré ces personnes handicapées, les mettant même en grave danger de contamination à la covid 19 en raison des co-morbidités dont elle sont sujettes.

Sans oublier le fait que ce tribunal de respecte pas lui-même les normes d’accessibilité, l’absence d’interprète aux côtés des personnes souffrant de difficultés d’écoute ou d’allocution, et autres éléments graves conduisant l’avocat de la défense Me Arié Alimi à plaider la nullité, dénonçant une audience en elle-même « illégale » !

Un dernier exemple : la salle d’audience choisie affichait à l’entrée une jauge maximum de 28 personnes, totalement dépassée jusqu’à ce que les juges ne finissent par l’admettre et ne trouvent alors d’autres solutions que d’exiger que toutes les personnes accompagnantes et assistantes des personnes handicapées ne sortent de la salle. Idem bien sûr pour tous les journalistes, imposant de fait un huis clos jusqu’à la fin de l’audience !

Mais il est vrai qu’il est plus simple de se montrer intransigeant hors des regards extérieurs qui dérangent…

Au final, une amende de 750 euros a été requise pour chaque prévenu, ainsi que quelques peines de prison de 3 à 8 mois assorties du sursis. Huit mois bien sûr pour Odile !

Le jugement a été mis en délibéré au 4 mai.


Témoignage d’Ahmed Hammad au nom d’Handi-Social :

« Je vous contacte au nom d’Handi-Social, collectif associatif de personnes handicapées, militantes et engagées pour la défense de nos droits. Collectif s’inscrivant dans le mouvement international Independant Living.

Nous sommes 16 personnes, en situation de handicap et de grande dépendance ainsi que des proches à être inculpés pour nos actions "chocs", visant à défendre un maintien des droits acquis nous concernant, et les plus fondamentaux. Nous passerons au tribunal le 23 mars 2021 et, si lors de nos actions coup de poings la couverture médiatique fût certaine, à l’heure d’aujourd’hui et compte tenu de l’actualité, nous ne pouvons présager que celle-ci soit la même.

Face à nous, lors de ce procès, Airbus, Aéroport de Toulouse, la SNCF. Je me permets de vous joindre des liens pour vous permettre de prendre connaissance des actions que nous avons menées en fin de message.

Notre motivation : être entendus en tant qu’opposants à la loi ELAN, visant à réduire de 90% (80% aujourd’hui dans les faits) la production de logements neufs accessibles. La Cour Européenne, le Défenseur des Droits, le Conseil d’Etat s’étaient opposés également à ce projet de loi en 2018, qui est aujourd’hui entériné.

En désespoir de cause, après avoir tenté d’alerter de la manière la plus traditionnelle qu’il soit, nous avions manifesté notre colère sur les pistes de l’aéroport de Toulouse/Blagnac, et en bloquant le départ d’un TGV Toulouse-Paris. Ces actions de lutte ont été menées dans l’objectif de communiquer d’urgence sur le sort des personnes handicapées en France, et de lancer un cri d’alerte quant aux régressions actuelles de nos droits.

Pour ces actions, nous risquons plusieurs années de prison et plusieurs milliers d’euros d’amendes.

Chaque jour, faute de voir leurs droits respectés, ce sont de nombreuses personnes qui ne mangent pas, ne sortent pas, restent enfermées dans des structures maltraitantes, ne peuvent circuler librement, ne peuvent étudier, travailler, participer à la vie sociale, ne peuvent choisir qui, quand, comment et si l’on va les aider à manger, se laver, boire, s’essuyer les fesses ! Les réalités quotidiennes de certains de nos adhérents réveillent chez nous une grande colère, celle de voir que ce grand pays n’est plus capable de poursuivre sa route vers une meilleure prise en compte des droits et des conditions de vie de ses citoyens. Que devient un pays qui régresse dans le respect des droits humains et du vivre ensemble, en particulier lorsqu’il s’agit des plus empêchés ?

C’est après avoir vu plusieurs de vos productions médiatiques que j’ai pris la décision de vous contacter. Je partage, avec plusieurs de mes camarades, votre engagement et votre volonté d’informer, parfois d’alerter sur le réel, "l’entre les lignes". Nous sommes de celles et ceux qui croient qu’un monde plus juste est possible et qu’il est de notre devoir fondamental de défendre cet idéal de société. Pour cela, nous sommes malheureusement traduits en justice et si nous comprenons que tout acte illégal doit être contesté, qu’en est-il de l’illégalité de l’Etat en matière de respect des conventions internationales et des droits fondamentaux. Il est plus qu’important pour nous que ce procès soit médiatique et alerte sur la réalité de nos vies.

Il y a à ce jour encore peu de médiatisation sur les conditions de vie des personnes handicapées et surtout sur les engagements, la militance et les alertes lancées par celles-ci en vue d’impulser une transformation de la société à l’égard de la dépendance. Nous pensons qu’en parallèle d’une politique de communication, l’objectif est de faire taire les milliers de militants qui, chaque jour, s’égosillent pour faire entendre leur voix et alerter sur le défaut de la France vis-à-vis des droits fondamentaux d’une tranche importante de sa population. La visite de la France par l’ONU est à ce titre édifiante et je vous invite à prendre connaissance de son rapport sorti en 2019 (Catalyna Devandas Aguilar).

Je reste à votre disposition par téléphone si vous souhaitez échanger avec moi. J’espère avoir été suffisamment explicite bien qu’il y ait encore tant à dire, mais je ne souhaite pas abuser de votre temps en vous écrivant un texte trop long. Vous trouverez au-dessous de ce mail plusieurs liens de presse (…).

LIENS :

https://www.facebook.com/watch/?v=206097230330298

https://www.handi-social.fr/articles/actualites/aeroport-de-blagnac-31--on-passait-par-la-on-a-vu-de-la-lumiere-on-est-entres-blocage-pour-nos-droits--69749

https://www.20minutes.fr/toulouse/2618543-20191002-toulouse-risquent-prison-forte-amende-handicapes-mettent-scene-enterrement-droits

https://actu.fr/occitanie/toulouse_31555/toulouse-operation-coup-poing-gare-matabiau-handicapes-bloquent-voies-tgv_19217512.html

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