MAG : Comment nourrir les villes ?
mardi 11 mai 2010 , par DISCUSSIONS
dansLe MAG est consacré actuellement aux problématiques de la relation ville campagne autour de l’agriculture. Comment nourrir les villes ? Comment produire mieux et de manière indépendante pour les paysans et comment se nourrir mieux pour les citadins.
En Midi-Pyrénées, Toulouse concentre plus d’un habitant sur trois, il y avait 1 117 000 habitants dans l’aire urbaine toulousaine sur 2 837 500 habitants dans la région en 2007 selon l’INSEE. Cette concentration urbaine qui n’est pas récente (exode rural démarré au XIXème siècle) ni spécifique au sud-ouest (le taux d’urbanisation en France est de 82%), nous donne à réfléchir sur notre mode de développement, en particulier dans la nourriture.
Le dépeuplement des campagnes s’est accompagné d’une modernisation de l’agriculture. Les paysans, de moins en moins nombreux, se sont retrouvés dépendants d’un « progrès », mécanisation à outrance et utilisation de produits chimiques de synthèse. Mais surtout ils se sont retrouvés dépendants en amont avec l’industrie semencière et en aval avec l’industrie agroalimentaire d’une filière qu’ils ne contrôlent absolument pas. Cette dépendance s’accentue aujourd’hui avec la technicité de l’industrie semencière dont les OGM sont un des exemples. Cette course à la modernité avait au départ un but : la souveraineté alimentaire de l’Europe ; puis ce but s’est transformé en objectif économique capitaliste et aujourd’hui par exemple la culture du maïs dans le Gers sert essentiellement à nourrir du bétail et à l’exportation internationale.
Et si les choses se passaient autrement. Et si la campagne nourrissait tout simplement la ville. Comment revenir à une ceinture vivrière autour de l’agglomération toulousaine ?
Depuis 1995, la crise de la vache folle aidant, une lente prise de conscience autour de la nourriture fait son chemin dans la majorité de la population. Loin d’être encore populaire, la demande de produits issue de l’agriculture biologique a explosé en moins de 15 ans en Europe de l’ouest. Les épiceries militantes se sont transformées en supérettes de centre ville, les produits étiquetés AB ont fait leur apparition dans les grandes surfaces. Or la filière biologique est aujourd’hui incapable de répondre à cette demande croissante des villes. De part sa philosophie initiale la plupart des agriculteurs de cette filière sont des petits producteurs locaux qui fournissent à un marché local. Des pistes existent comme les Groupement d’Agriculteur Biologique (GAB) ou des initiative de collectivité locale.
Va t-on laisser aux agrochimistes le monopole de nourrir la grande majorité de la population (et en particulier les classes populaires) et l’agriculture biologique nourrir une poignée de nantis ?