MOLEX : vous voulez notre mort et en plus qu’on vous remercie ?
mercredi 22 avril 2009 , par VIDEOS DE TV BRUITS
dansMardi 21 avril 2009, 17 heures au Tribunal de Grande Instance à Toulouse.
Depuis lundi après-midi, le personnel de l’entreprise à Villemur-sur-Tarn retient Marcus Kerriou, co-gérant de Molex, et la directrice des ressources humaines.
Mardi à 15 heures, la direction de Molex a assigné en référé Denis Parise, secrétaire du Comité d’Entreprise, pour que les employés lèvent la séquestration.
Voici mes notes et une vidéo réalisée pendant le délibéré puis après la décision de la juge, à la sortie de la salle d’audience.
On ne peut pas filmer dans un TGI pendant les audiences et c’est bien dommage car on y apprend beaucoup de choses.
J’arrive au TGI, longue file d’attente, on nous laisse entrer 5 par 5. C’est déjà commencé quand je pénètre dans la salle d’audience.
A la barre, l’avocat de la direction :
Il menace en rappelant que la séquestration est une infraction très grave passible de 20 années de prison. Il demande que celle-ci cesse immédiatement et que soit rétabli l’état de droit et la sécurité dans l’entreprise.
C’est une atteinte à la liberté individuelle et à la constitution...
Puis intervient le procureur de la république :
C’est rare qu’il intervienne dans ce cadre de procédure civile à caractère sociale. Mais il a décidé de venir car il est garant de la liberté. Après avoir passé un peu de pommade sur les travailleurs qui sont respectables dans le combat qu’ils mènent pour défendre leur outil de travail il menace à son tour. Vraiment là ces travailleurs ont dépassé les limites du tolérable et ils encourent 20 ans pour séquestration et 5 pour extorsion par la force.
Il continue sur un discours général : si on laisse faire où va l’état de droit ? Il y a déjà assez d’exemples comme ça sur le territoire national. Si tout le monde fait pareil cela va devenir la loi de la jungle.
Il demande que l’affaire soit réglée d’ici ce soir.
C’est au tour à Me Jean-Marc Denjean, avocat du CE de prendre la parole :
Il compare la direction de Molex à une bande organisée pillant le sac à main d’une vieille femme et qui prise sur le fait demande la protection du procureur et de la justice.
Il rappelle que ce sont les employés qui sont confrontés à la loi de la jungle depuis le 28 octobre 2008, jour de l’annonce de la mort de leur entreprise, de la fermeture du site, du licenciement collectif.
Tout cela sous prétexte de difficultés financières, sous couvert de l’économie qui masque en fait depuis plusieurs mois une volonté liée à la spéculation.
Une plainte a été déposée par le CE le 28 novembre 2008 qui est toujours en cours d’enquête.
L’avocat retourne l’argumentation du procureur : c’est Molex qui viole l’état de droit et qui impose la loi de la jungle.
La société Molex avait voulu passer la fermeture en force en allant au TGI de Paris mais celui-ci a demandé à l’entreprise de communiquer sous astreinte un certain nombre d’éléments. Ce qu’elle n’a toujours pas fait.
En fait Molex avait depuis plus d’un an organisé la fermeture. Non contente d’avoir constitué un stock de la totalité des produits en Hollande, on vient de découvrir que cette société avait ouvert une entreprise identique au site de Villemur, et avec la même capacité de production, dans le Nebraska aux USA.
Me Denjean, pour preuve, montre un courrier entre les directions de PSA et Molex où il est écrit que Molex pourra livrer son client avec des pièces clonées !
Ils veulent fermer Villemur tout en continuant de produire. C’est de la délocalisation programmée et sauvage. Nous on veut discuter mais pas avec des menteurs. Ils ont menti depuis plus d’un an au CE, au Tribunal du commerce, au TGI de Paris, aux institutions...
27 ans dans l’entreprise pour la moyenne à Villemur, 300 familles sur le carreau du jour au lendemain. Alors que le procureur menace les faibles et ne dit rien sur la direction.
Vous voulez notre mort et qu’en plus on vous remercie ?
Demandez le rapatriement des stocks de Hollande sur le site de Villemur et tout ira mieux. Faites respecter l’ordre social et pas que la liberté d’entreprendre. Sinon il y aura plein de Molex.
L’avocat de la direction :
Les deux employés séquestrés, le co-gérant et la directrice des ressources humaines, n’y sont pour rien. Ils ne font que leur métier pour Molex.
Il propose de relancer dans une heure les négociations à la préfecture avec Marcus Kerriou libéré.
Le procureur :
S’il y a violation de la loi saisissez-moi dans le futur. Ne doutez pas une seconde de ma neutralité. J’accomplirai ma mission dans un cas comme dans l’autre.
Reprise après délibéré.
Me Jean-Pierre Denjean :
Il annonce la décision de libérer les deux personnes sous la réserve de la parole donnée de reprise immédiate des négociations portant sur tous les points dont le rapatriement des stocks de Hollande qui appartiennent au site de Villemur.
Mme la juge :
Elle constate l’engagement des deux parties, demande donc que les deux personnes soient libérées ainsi que la mise en sécurité du site. Elle demande l’ouverture des négociations y compris sur les stocks à partir de 21 heures à la préfecture.
Voir la vidéo, réalisée durant le délibéré puis à la sortie, 9 minutes :
Suite à cela les négociations à la préfecture n’ont strictement rien donné. L’entreprise a été fermée pour 48 heures et mise sous la surveillance d’une société de gardiennage.
Plus d’infos : Blog Molex Villemur