J moins combien
vendredi 29 janvier 2010 dans Paysage Audiovisuel Alternatif d’Occitanie et d’Ailleurs
Voir en ligne : http://cine2000.org/
Jeremy a 20 ans. Entre ennui, révolte et contradictions, son avenir est aussi bouché qu’un évier dans lequel on a vomi par erreur après une énième beuverie ennuyeuse. Sa rencontre avec une équipe de tournage en mal d’images va l’amener à reprendre les choses en main. Si la solution se trouve loin d’ici, comment alors financer un éventuel départ ?
"J- ?" est un film d’audiovisuel autoproduit par CINE 2000 tourné en juin 2009. Il est écrit et réalisé par Mathieu Kiefer, Lisa Chabbert, Jordi Perino et Jules Ribis.
durée 46 min
Le film a eu sa vie sur le net, si vous voulez le découvrir maintenant ce sera lors de projection publique.
Pourquoi J- ?
Ne pas se résigner, enfin pas trop. En faire un film, pour se le répéter, comme une prière.
S’il devient ridicule de parler fort de « capitalisme » et de « société » passé un certain âge, l’alibi artistique permet de jouer les prolongations. Une colère qui se fait matière première. Ou peut-être n’est-ce qu’une posture ? Qu’importe, un film ne changera jamais le monde. Par contre s’il peut faire plaisir à des individus qui ont envie de le changer, alors ce n’est pas totalement inutile. Du carburant en somme, juste du carburant.
Fiction ou réalité ? La fiction, celle que représente notre prétendue place « d’artistes », de « témoins », ou je ne sais quelle autre désignation qu’on lit dans des manuels vieillissants. La réalité, celle de nos petites vies coincées entre impératifs d’insertion et désir d’ « autre chose ». Travailler dans l’audiovisuel ou en vivre, au sens strict du terme ? La différence est de taille. « Artiste », le mot qui donne néanmoins la chair de poule aux conseillères d’orientation du collège. On prend ça comme un signe qu’il faut creuser dans cette voie, en se tapant des étiquettes, en se tapant des limites entre fiction et réalité. Quand on rentre dans une salle de cinéma, on a parfois l’impression que la fiction c’est dehors qu’elle se joue.
Le meilleur des sujets de documentaire est peut-être là, à côté, assis dans le salon. Le meilleur des scénarios c’est peut-être l’histoire du gueux qui a envie d’un de ces costards en vitrine, mais qui va se démerder pour ne pas le payer. Le plus criant des symboles, on vient peut-être de le croiser à l’instant dans cette rue qu’on arpente quotidiennement. Un film, dans sa subjectivité assumée, est peut être bien plus réel que le consensus mou et chiant qui enveloppe les définitions du « rationnel » et du « normal ». Et puis entrevoir l’étendue de nos contradictions, ça donne envie de réinjecter un peu de binaire dans tout ça.
Du coup on se lance. On fait un film. Avec pour meilleur facteur de productivité nos liens affectifs. Et puis parce qu’on s’ennuyait ferme. On se donne des rôles, comme ils font les pros, mais chacun a le droit d’ouvrir sa gueule. Il y a un chef mais il n’y a pas de chef. C’est le bordel, parce qu’il fait froid, et que chacun a envie de tirer la couverture à lui. Mais en même temps, l’idée qu’il nous manque, le copain d’à côté l’a peut-être. Et du coup, des idées, il y en a plein. Le réalisateur ? Ben c’est celui qui arrive à réunir les gens qu’il faut dans l’endroit qu’il faut, avec l’impératif qu’ils aient tous la même idée en tête. L’autogestion en famille comme rempart à la page blanche.
Et puis on fait les cons. Mais jamais gratuitement. Parce que, pour une fois, ça a du sens, parce que ça nous colle un frisson qu’on avait parfois un peu perdu. Parce qu’on a l’impression de créer des situations que l’on ne maîtrise pas totalement. Parce que ça peut mal finir, et puis que ça ne finit jamais mal. Et au final, on se dit que la peur qu’on a éprouvée avant de filmer prouve qu’on a bien intériorisé ces contraintes qu’on rejette par ailleurs. Du coup, on ne demande plus aucune autorisation : on rentre, on tourne et on fait ce qu’on peut. L’image et le son courent après le propos. Le résultat est fragile, fébrile. Mais c’est pas nous qui sommes imprécis, c’est le reste qui est trop propre. Il y en a qui appellent cela le « D.I.Y » (do it yourself). On ne maîtrise pas forcément l’idée mais elle nous plaît.
Après quelques mois de choix cornéliens sur le montage, voici 46 minutes. En espérant qu’elles soient vues et entendues, le film sera bientôt en téléchargement libre. N’hésitez pas à laisser vos commentaires dans la rubrique opinions. Résister c’est créer, et créer c’est cool.
CINE 2000