Groland ou le pouvoir de la télévision
lundi 24 septembre 2012 , par DISCUSSIONS
dansMalgré la quasi inexistence de politique audiovisuelle des pouvoirs locaux, Toulouse peut s’enorgueillir d’avoir une offre de cinéma importante. Des salles comme Utopia, l’ABC, la Cinémathèque ou le Cratère offre tout au long de l’année des films de qualités aux toulousains. De la même manière les festivals de cinéma se succèdent "Cinespana", "Peuples et musique au cinéma", "Extrême cinéma", "Des images aux mots", "Zoom Arrière" ou le "Cinélatino"... Bien qu’ils aient parfois des visions du cinéma radicalement différentes, tous ces festivals travaillent pour faire venir le public dans les salles, pour faire découvrir des films nouveaux, différents ou des grands classiques. Le travail est laborieux et malgré tous les efforts les salles sont parfois à moitié remplies voir quasi vides.
Cette semaine est arrivée sur la ville le "Fifigrot" ou le festival de Groland du nom de ce pays imaginaire inventé par une émission de Canal+, humour potache et subversif dans la ligne éditoriale de la chaine de Vivendi. L’émission existe depuis 20 ans. Avec une organisation aléatoire mais une sélection de films intéressante le festival a réussi à remplir quasiment toutes ces séances. Ce tour de force pourrait paraitre étonnant pour une première édition et des films pas tout à fait facile.
Évidemment la réponse est dans le titre, le pouvoir de la télévision a agit. Sans le support de la télévision jamais un festival pareil n’aurait remporté un tel succès. L’émission est énormément vue et elle est connue de par sa longévité dans le paysage audiovisuelle. Sans cette notoriété les journaux locaux et nationaux n’auraient pas fait plusieurs articles sur le festival, ils n’auraient pas été interviewer les Benoît Delépine et Gustave de Kervern.
Je ne reproche rien au festival de Groland. Il ne fait pas d’ombre à d’autres festivals par le calendrier ou par sa thématique. Il n’a pas reçu des milles et des cents des deniers publics comme auparavant un certain festival de littérature. Simplement je m’interroge sur l’immense pouvoir du robinet à image. Ce pouvoir de délivrer instantanément, gratuitement et dans tous les foyers (pour des marchands d’eau c’est normal) du contenu d’images. Peu importe le contenu, les images se déversent dans chaque maison, quotidiennement, sans avoir aucun effort à faire.
Car soyons clair, Canal+ comme toutes les chaines de télévision a pour but de faire des bénéfices. Vivendi son propriétaire principale n’est pas un philanthrope. "Football, sexe et humour subversif" ont toujours était l’étiquette qui a été collé à Canal+ comme d’autres mettraient "musique et cuisine", "régions et terroirs" ou "culture" voir "avec adoucissants", "écolos" ou "pour les gros", c’est une étiquette comme une autre sur un produit .. comme un autre. La subversion fait vendre comme autre chose avec un public cible, jeunes et citadins en majorité. Vivendi se fout que Groland se moque de la société du moment que le public regarde la publicité qui coupe l’émission en deux.
La télévision est un monstre entre les mains de marchands d’eau et d’armes, sa présence formate et influence tout. Malgré cela je souhaite la bienvenue aux nouveaux festivals de cinéma comme le "Festival Cartoon Forum" ou le "Fifigrot".