Voter est-ce que c’est s’exprimer ? (100 jours, +11)

lundi 6 février 2012 , par Ben, Co dans VIDEOS DE TV BRUITS


Le collectif de réalisateurs "La famille digitale" de Poitiers a proposé à 100 réalisateurs de faire 100 documentaires de 5 minutes, diffuser pendant les 100 jours avant le 2e tour de l’élection présidentielle.
Chaque jour un film est mis en ligne ici http://www.100jours.org/

Lundi 6 février le film #11 était réalisé par Tv Bruits.

Entre choix et résignation, voter est-ce que c’est s’exprimer ?

Durée : 5’
Par Del, Co et Ben

Voter c’est s’exprimer ?

Merci aux Improvistes et au Lazzi Théâtre.

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3 commentaires

  • VOTER

    14 mars 2012 23:54

    Le résultat d’un vote ne dépend pas des votants, mais de l’opération du vote choisie : des règles du jeu adoptées pour l’élection. Autrement dit, le gagnant (l’élu) dépend du jeu électoral choisi et non de la mise des joueurs. La mise a une incidence partielle sur le résultat, mais c’est elle qui fait vivre le jeu. Ne plus voter annule le jeu. Le vote est une action de probabilité qui requiert un certain nombre d’opérations pour un mode de scrutin* déterminé par... Le jeu du vote ne fait pas gagner les joueurs, mais l’un des candidats de l’élection. En France l’élection présidentielle se fait à la majorité absolue (ni relative ou partagée : « le pouvoir ne se partage pas, il se possède » est une erreur acceptée du jeu électoral français). Et le duel final ne donne aucune alternative à l’univocité de l’élu. C’est une conception étrange de la démocratie : le pouvoir du peuple que le peuple remet à un seul élu. Le choix du dirigeant par les dirigés qui acceptent d’être dirigés : en quoi est-ce une démocratie, le pouvoir de décider de se faire diriger ?

    Voter, c’est d’abord accepter la règle du jeu du vote du mode de scrutin opéré. Le vote définit des joueurs : un gagnant, des perdants, des électeurs pour un élu. Si je joue à un jeu, c’est pour gagner tout en acceptant de perdre. Avec le jeu du vote, on ne gagne rien (on perd sa voix), on ne change rien au régime que le visage de l’élu que l’on ne connait pas. Si le vote est à la majorité, toutes les minorités perdent. Une compétition dont le résultat fait appel au hasard dû à l’opération de probabilité, mais qui détermine le champ des gagnants qui avantage la norme contre les exceptions. Le vote « à la majorité » opéré favorise l’exclusion des minorités majoritaires qui pour une élection (présidentielle) à la majorité est un paradoxe. L’autre paradoxe au-delà de celui de Condorcet (qui pour plus de 3 candidats aucun n’est éligible**), est d’associer l’organisation des relations humaines (la politique) à un calcul de probabilité (de probable). Voter c’est remettre sa vie au sort d’un calcul électoral sachant que les candidats à l’élection sont normés à l’élection (à être élu) qui n’offre aucun choix réel d’éligibilité de diversité politique, car la pratique de l’élection a déjà mis le pouvoir aux mains des élus qui obéissent au protocole de l’administration de l’élection. Voter, c’est remettre son pouvoir à un seul au détriment de tous : c’est une démission de ses responsabilités autorisant que le pouvoir soit approprié par une minorité gouvernante : c’est une antidémocratie.

    Un vote présidentiel national ne reflète jamais le souhait majoritaire d’un pays. Trop de contradictions sont mises en jeu dans le vote national. D’abord celui du vote pour obtenir une majorité absolue au parlement qui laisse le champ libre aux actions du président élu, au lieu de partager le pouvoir entre TOUS les partis présentés. Ensuite, au-delà de 2 candidats le paradoxe de Condorcet se manifeste obligatoirement et transforme le vote en une loterie. Ensuite, nous savons qu’à chaque élection plus de 40% des électeurs ne votent pas à cause de divers empêchements, ce qui ramène les électeurs actifs au mieux à moins de 60% (des électeurs pas de la population globale). Au final, dans le duel et dans la tradition, la moitié vote pour la droite et l’autre moitié pour la gauche avec un écart minime. Ce qui fait que le président est élu par une minorité de 30% contre une majorité de 70% des électeurs inscrits. Si le vote blanc était actif, aucun candidat ne pourrait être (faussement) élu. C’est encore un autre paradoxe où une majorité à l’Assemblé nationale ne reflète pas la majorité nationale de la population dans son choix. Aussi, les finalistes sont ceux qui sont soutenus par un parti avec les plus gros moyens : les petits partis pauvres n’ont aucune chance d’accéder à la finale par manque de visibilité. Les électeurs projettent leurs souhaits dans la richesse, pas dans la pauvreté. Ce qui automatiquement place les riches au pouvoir. Des élus déjà élus par leur position sociale privilégiée dont la presse dominante (propriété des oligopoles) soutient et favorise cette mascarade.

    En votant, les dirigés (les électeurs qui votent) ont déjà accepté d’être dirigés par un seul. Voter est un acte de soumission à un jeu dont les règles sont imposées aux électeurs. Voter pour des inconnus est un autre paradoxe du vote électoral. Voter pour un candidat ne signifie pas que l’électeur choisit ce candidat, cela signifie que l’électeur accepte le mode de scrutin de l’élection à donner sa voix pour une personne qu’il ne connait pas. Pour un électeur, il est impossible de connaître réellement les candidats pour une élection nationale (voire locale). Pour cela il faudrait faire partie de l’entourage du candidat, ce qui au-delà du nombre de personnes mémorisables et de la ségrégation en classes sociales est impossible. Donc, un électeur ne peut que voter pour l’image du candidat. L’image que le candidat travaille comme un comédien et qu’il transmet par les médias avec ses intentions simulées dans des discours et des slogans qui accompagnent sa campagne électorale. Là, rentre en scène la séduction qui fausse la sincérité et force un double jeu : allier à sa carrière personnelle de la conquête du pouvoir le fait de se faire apprécier des électeurs, car le but dans le jeu du vote est d’être élu et tous les moyens démagogiques sont utilisés dans ce sens, comme des promesses pour attirer les électeurs : rien de suffisamment solide pour donner sa confiance à un décideur politique ni à remettre entre les mains d’un seul son désir de bien être social. L’élection présidentielle est une fanfaronnade administrative pour se faire croire à la pratique de l’équité : un leurre volontaire. Aussi, les négociations du choix des élus dépendent des moyens financiers mis en jeu, dont les donneurs veulent en recevoir les bénéfices de leurs investissements financiers. Ce sont les financeurs qui élisent le candidat et non les électeurs avec le vote. Le vote du candidat ne changera jamais la politique du privilège cultivé dans le pouvoir. Droite / Gauche, 2 faces d’un même disque : pourquoi accepter ce leurre ? L’Administration elle, ne change pas. Et pourquoi accepter le leurre du vote ? Le leurre du vote est accepté par tous, car aucune autre solution n’a été découverte pour gérer (pas gouverner) les besoins des populations, ou ne veut pas l’être. La domination étant la règle de gouvernement de nos sociétés, toute tentative d’équité est systématiquement rejetée. Car une remise en question profonde de la gestion de nos sociétés annihilerait définitivement le privilège des gouvernants. L’acte de voter ne montre qu’une seule chose : celui d’approuver la procédure de domination par l’action de remettre son pouvoir à un seul que l’on ne choisit pas.

    Notes
    * majoritaire, plurinominal, proportionnel, uninominal, etc.
    ** car la relation transitive ne fonctionne pas : si A aime B et B aime C alors A aime C, ne se vérifie pas dans le vote.

    Mathius Shadow-Sky

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    • "bonne nuit les petits"

      par nounours 15 mars 2012 09:59

      le marchant de sable et passé

      Répondre

    • VOTER

      par Frédéric 3 juin 2012 17:04

      Oui, d’accord avec ta belle analyse, mais bon ! Je continue pour lors à voter, pour moi c’est sacré, même si ça revient à entériner un système qui annule les volontés individuelles, comme tu dis...c’est une contradiction parfaitement assumée. Le problème des élections c’est qu’on en fait tout un foin pendant 6 mois, pour peu de choses au final. Sûrement qu’une démocratie réellement participative serait plus intéressante, mais en attendant on fait avec ce qu’on a...

      Nous avons maintenant un gouvernement social-démocrate, on peut le présumer, qui s’accorde du libéralisme et du traité Européen, et qui dans l’idéal croit au lent progrès des conditions de vies par la croissance, et considère les inégalités comme un mal nécessaire. On ne peut attendre d’eux autre chose que des réformes convenues allant dans le sens de l’histoire du libéralisme. Concrètement et dans l’immédiat, ce n’est pas si mal !

      Une révolution remettant tout à plat, anéantissant les injustices et la reproduction des classes, ne peut pas venir exclusivement d’en haut. Il faudrait d’abord balayer devant sa porte. Si on est contre la société de consommation, il suffit de ne pas consommer. Le problème est que nous sommes ligotés par des dettes, des loyers, des contrats de travail. Il en est exactement de même du (et des) gouvernements. Sortir par exemple le logement de la spéculation pour libérer l’homme ? Que l’on envisage une grève générale des loyers, ou bien une régulation gouvernementale drastique, on se dirigera vers la faillite des banques, donc vers la misère et la faim. Nous sommes coincés ! Libérer l’homme de ses chaînes requérait une intelligence du peuple et du gouvernement dans un engagement extraordinaire mêlant une violence contrôlée et une dextérité législative qui ne se sont jamais vues dans aucune révolution. C’est pourquoi les révolutions font tant de déçus. Mais il faut y croire, que faire d’autre ? N’attendons évidemment du gouvernement socialiste aucune volonté révolutionnaire. En attendant, s’ils se contentent de faire leur boulot sans démagogie ni corruption, on ne peut pas leur en vouloir non plus. C’est pour cette ultime raison que j’ai voté pour eux au second tour, et bien sûr pour virer le nain hystérique, avant de retourner à mon quotidien.

      Je ne suis sûr de rien. Je rebondissais seulement sur ta réflexion.

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