Bilan à propos de sa diffusion temporaire

lundi 10 décembre 2001 dans Notre histoire


8 novembre au 8 décembre 2001

Tv Bruits a émis durant un mois sur le canal 50 tous les vendredi à partir de 19 heures et a rediffusé le samedi à partir de midi. C’est-à dire entre 5 et 6 heures 30 de programme chaque semaine, rediffusé le lendemain.
Les médias régionaux (radios, presses écrites, France 3 Sud) à l’exception de TLT nous ont plutôt bien couverts, et nous avons même eu droit à quelques brèves en national.

La programmation :
Elle représente en tout plus de trente heures de programme varié dans ses sources et dans sa composition :
- plateaux Tv Bruits sur des thèmes locaux ( AZF, la gestion de l’eau sur une ville, la question d’une politique culturelle sur Toulouse...) mais aussi sur des sujets plus généraux (pour une télé de proximité) comme un parallèle entre le rapport à la campagne au Mexique et ici dans l’Aveyron dans le cadre de la mondialisation, ou bien sur notre philosophie en tant que télévision celle du Tiers Secteur Audiovisuel ;
- des liants, nous avons appelé cela ainsi en référence au rôle du plâtre dans un mur, composé d’extraits de rushes tournés par nous ou par des réalisateurs proches, de jingles (les petites annonces qui disent que vous êtes sur Tv Bruits en donnant brièvement sa philosophie) et puis nous avons eu l’idée d’installer une caméra et un micro à la régie d’enregistrement de nos émissions, afin de présenter notre télé et notre programme ;
- des productions des écoles (ESAV, école des Beaux Arts... ) ;
- des films d’ateliers menés par des associations dans les écoles primaires, les collèges ou les lycées ;
- des films des structures de production indépendante de la région ;
- des films du réseau Tiers Secteur Audiovisuel, c’est-à dire d’autres télévisions ou structures de productions associatives non commerciales françaises ou étrangères ;
- des films auto-produits ;
- du reportage, du documentaire, de la fiction, du film d’animation, de la vidéo expérimentale...

Le comité de sélection de la programmation (composé des membres de Tv Bruits qui le désiraient) a visionné plus de 120 films. Nous avons constaté un déficit en nombre des courts-métrages de fiction produits dans la région par rapport au genre documentaire.
Il est à noter que Tv Bruits durant cette période a été la seule télévision toulousaine reflètant autant tous les aspects de la création régionale audiovisuelle.

La diffusion hertzienne :

Notre émetteur et la régie finale étaient situés dans les locaux de Radio Occitania, au sommet du quartier de la Gloire. L’antenne, dirigée plein ouest, avait d’après le fabriquant une puissance rayonnée de 100 watts.
Ce lieu avait été choisi pour plusieurs raisons :
- il sert à la diffusion de plusieurs radios associatives et est homologué par le CSA ;
- la proximité de l’émetteur de TLT et d’un des points de diffusion de M6, d’Arte, de la Cinquième (en télédiffusion l’axe des antennes réceptrices est très important, nous profitions ainsi des télespectateurs dont les antennes étaient dirigées vers ces émetteurs) ;
- Radio Occitanie était partie prenante du projet Tv Bruits.

Bien que ce lieu de diffusion semblait bon notre couverture sur la ville a été assez médiocre. Nous étions reçus en pleine campagne jusqu’à 18 km mais très mal sur la ville de Toulouse. Les grands immeubles de l’agglomération font de l’ombre aux ondes. Nous avons eu quelques retours tout de même. Il faut savoir que TLT qui rencontre des problèmes de réception dans certains quartiers émet avec au moins une puissance de 1000 watts. Notre émetteur n’était pas assez puissant.
Beaucoup de monde avait entendu parlé de Tv Bruits mais peu l’ont vue dans leur poste de télé. Il faut souligner que peu de gens ont eu la démarche de régler leur télévision sur le canal 50 parce que notre période de diffusion était courte (un mois) et aussi parce qu’avec les postes modernes cela semble compliqué.
A l’avenir il faudra investir dans la puissance de l’émetteur et en panneaux d’antenne pour rayonner au mieux ou être diffusé gratuitement.

Le matériel d’émission, de production et de post-production, les locaux
L’émetteur et l’antenne ont été achetés collectivement par trois structures : Tv Bruits, Active Tv qui partageait donc le même canal 50 durant cette période et Radio Occitania. La régie de diffusion et l’émetteur, installés chez Radio Occitania étaient utilisés conjointement par les deux chaînes. A part cette utilisation commune il n’y a guère eu d’échange entre nous. A l’évidence le projet d’Active Tv n’avait rien à voir avec celui de Tv Bruits...

Le matériel de tournage et de montage, à l’exception de quelques caméras numériques et du matériel son appartenant à des membres de la structure, a été prêté par des associations (essentiellement l’association Image) et par l’ESAV (Ecole Supérieure d’Audio-Visuel de l’Université du Mirail). Nous avons pu ainsi utiliser tous les formats de diffusion : VHS, SVHS, DV, DV Cam, Bétacam, Bétacam SP. Les bandes annonces, logos de Tv Bruits, ont été conformés sur système Avid mis à notre disposition gracieusement par une structure de production régionale.
Trois plateaux ont été tournés dans les locaux prêtés par l’ESAV (rue du Taur) et en échange des étudiants de cette école ont participé aux postes techniques (mis en place du décor, de la lumière, caméra, son).
Le quatrième a été tourné chez l’association Mix’Art Myrys lors des Rencontres du Tiers Secteur Audiovisuel le 3 et 4 novembre 2001. C’est dans les locaux de cette même association que se déroulaient nos réunions et le visionnage des films par notre comité de sélection de la programmation. Depuis nous y avons ouvert un bureau.
Le montage final et la conformation du programme prêt à diffuser s’effectuaient dans d’autres locaux transitoires prêtés à l’ESAV (touchée par l’explosion d’AZF).

Nous pouvons remarquer que autant en ce qui concerne le matériel et les locaux mis à notre disposition nous avons été volontairement à la recherche d’un partenariat varié. Mais en même temps l’absence d’un local publique central de Tv Bruits sur la ville (accueil, projections, réunion, plateaux, régie finale) et le fait que nous n’étions pas autonome du point de vu matériel ont considérablement alourdi notre fonctionnement, éparpillé notre énergie, ont rendu impossible d’émettre en direct, nous ont fait perdre cette souplesse nécessaire à une télévision qui se désire ancrée dans la vie sociale et culturelle.

Bilan financier :
Grâce à l’achat collectif de l’émetteur, à l’apport technique en matériel et en locaux de nos différents partenaires nous avons eu peu de dépense et nous avons pu équilibrer notre budget. Nos principales dépenses ont été l’émetteur et les cassettes. Il faut ajouter que les frais de téléphone ou d’essence ont été pris en charge individuellement par les membres de l’association. Outre ces " dons individuels " des membres de l’association, avec la générosité et le bénévolat de toutes celles et ceux qui ont participé à cette aventure, les cotisations et la fête de soutien ont permis de tenir cette équilibre.
Mais contrairement à ce que nous avions prévu au départ nous ne nous sommes pas équipés en matériel de montage. Il faut souligner à notre décharge que la majorité des institutions (municipalité et département) a répondu par un silence troublant à nos demandes de subventions. Seul le Conseil Régional (on l’en remercie) y a répondu favorablement en nous accordant une subvention de 47 KF pour investissement en matériel.
Comme prévu, nous investirons cette somme en matériel de montage.

Pour conclure et préparer l’avenir :
Cette expérience a été riche d’enseignements d’abord parce qu’elle a démontré que faire une autre télévision, alternative aux télévisions commerciales ou publico-commerciales, c’est possible.

Les débats au sein de l’association ont été au rendez-vous (et se déroulent toujours) par rapport aux critères de programmation : qu’est-ce qu’une programmation ? Comment échapper dans nos choix à un point de vue esthétique propre à sa seule subjectivité ? Comment éviter de se considérer tel le producteur d’un film (que nous aurions aimé faire) mais plutôt (ou aussi) comme un diffuseur avec un point de vue globale sur une programmation qui correspond aux objectifs de Tv Bruits ? Comment ne pas tomber dans le réflexe audimat mais penser l’audience en d’autres termes (dans la construction d’un réseau d’associations et d’acteurs de la vie, sociale et culturelle, de créateurs, dans la reconnaissance par ceux-ci de l’utilité et la nécessité d’une telle télé...) ?
Et aussi (plus prégnantes dans nos discussions actuelles) : comment faire prendre la parole ? Comment associer les gens à la fabrication des émissions ou à l’élaboration de la programmation ? Comment transmettre ce savoir ? Comment partager ? Quelle formation, comment apprendre à décrypter et écrire en audio-visuel ? Parler de quoi et comment montrer ? Comment devons-nous adapter notre fonctionnement pour aller en ce sens ?
Bref des réflexions qui tendent autours de cette question fondamentale pour Tv Bruits :
qu’est-ce qu’une télé qui participe à l’émancipation des êtres humains sur son agglomération ?

Mais bien sûr une telle télé nécessite un local, adapté à ses besoins, publique et central sur la ville (il semble qu’il reste de la place dans la future médiathèque ?). Elle ne peut pas reposer que sur le bénévolat. Elle doit avoir des moyens techniques adéquates pour tenir ses objectifs (avec par exemple une petite régie mobile pour se déplacer et s’immerger dans les quartiers, sur des lieux...). Elle doit pouvoir être captée partout sur l’agglomération.
Tout cela pose la question cruciale des sources de financement et de son indépendance.
D’où l’importance pour nous de la création d’un fond de soutien pour les télés associatives non commerciales et du transport gratuit de notre signal (hertzien analogique et numérique, câble...).
De deux à cinq millions de francs par an (combien en Euros ?) pour construire la télévision associative quotidienne Tv Bruits sur l’agglo cela peut sembler beaucoup... mais tout compte fait c’est bien peu en rapport à son utilité publique et aux sommes englouties par ailleurs sur des projets qui ne mènent on ne sait que trop bien où ?

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