Un téléspectateur au C.S.A.

jeudi 16 décembre 2004 dans Médias du tiers secteur

Campagne de soutien pour la représentation des téléspectateurs au sein de l’instance de régulation de l’audiovisuel

En janvier 2005, un tiers des membres du CSA sera renouvelé. Le Président de la République, les Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat nommeront chacun un conseiller de leur choix selon leur libre-arbitre. L’association « Les Pieds dans le Paf », association nationale des téléspectateurs, présente un candidat (son président), pour que les usagers des médias y soient enfin reconnus.

Voir en ligne : Pieds dans le PAF

Jusqu’à présent, les différents conseillers ont tous été choisis parmi les dirigeants (passés) de l’audiovisuel ou ayant une expérience dans des entreprises de communication (publiques ou privées), ou encore dans les cabinets ministériels. Or, il nous semble important que les téléspectateurs, et donc les usagers, puissent enfin être représentés pour participer aux débats concernant un média, une activité qui occupe plus de 3 heures par jour de leur vie et avec un téléviseur allumé plus de 5 heures dans leur foyer.

Lors du dernier renouvellement des Conseillers en 2003, nous avions déjà présenté un candidat pour les représenter au sein du C.S.A. Cette candidature, à travers la campagne que nous avions lancée, à l’époque, non reprise dans les médias, avait obtenu le soutien de plus de 1000 téléspectateurs, une trentaine de personnalités politiques, du monde culturel ou chercheurs dans le domaine de la communication et professionnels de l’audiovisuel, ainsi que de 75 associations.

Cette candidature n’avait évidemment pas été retenue. L’argument principal affiché de ce refus a été que les Pieds dans le Paf ne pouvaient pas se prétendre représentatif des téléspectateurs. Il est évident que personne ne peut se prétendre représentatifs de 60 millions de téléspectateurs. Même si l’association se développait au point d’avoir des milliers d’adhérents, nous serions toujours moins nombreux que les téléspectateurs comptabilisés dans l’audience de l’émission la plus confidentielle du PAF ! Cet argument ne peut donc justifier éternellement l’absence de téléspectateurs au sein du CSA. De plus, les personnes qui ont été nommées ne sont pas plus représentatives. Elles ne représentent que ceux qui les ont désignées.

Alors que :

- Le mépris du téléspectateur par les responsables des chaînes est de plus en plus criant (Il suffit de se rappeler les propos de M. LELAY cet été sur les téléspectateurs considérés comme des minutes de cerveaux disponibles à vendre aux annonceurs, propos qui n’ont déclenché aucune réaction du CSA ou du Ministère de la Communication).
- Les dirigeants de l’audiovisuel nient l’existence d’une association de téléspectateurs comme la nôtre et sa légitimité à participer, même de façon non systématique et non exclusive à tout débat télévisé : Marc TESSIER, président de FRANCE TÉLÉVISIONS, n’a pas accepté, malgré nos sollicitations, que l’on participe aux émissions « spéciale redevance » qu’il a mises en place ; la dernière ayant eu lieu le samedi 27 novembre.
- Des téléspectateurs ou des personnes, victimes des dérapages de la télévision, se tournent de plus en plus vers nous pour les défendre : l’association se portera partie civile dans plusieurs dossiers en cours,
- L’article 46 de la loi sur l’audiovisuel du 1er août 2000, prévoyant la création d’un Conseil Consultatif des Programmes au sein de France Télévision n’est toujours pas appliqué. Ce conseil devrait être composé de téléspectateurs, payant la redevance et tirés au sort selon une procédure définit par le Conseil d’État,
- Chaque année, le rapport spécial “ Culture et Communication ” de Monsieur Patrice MARTIN-LALANDE (Député) à l’Assemblée Nationale pour le projet de loi de finance regrette le “ déficit de représentation des clients-usagers ”.
- La création successive du Collectif Inter-associatif Enfance et Médias et de l’Observatoire Français des Médias, organisations auxquelles adhèrent Les Pieds dans le PAF démontre une prise de conscience et une volonté du monde associatif pour que les citoyens se ré-emparent de la question des médias dans la société.
- La loi reconnaît le droit de création et de diffusion des télévisions associatives mais aucun budget public n’a été prévu pour aider à leur développement. Comme l’attribution des canaux nationaux pour la Télévision Numérique Terrestre par le CSA ne s’est faite que sur des critères économiques, aucun des deux projets associatifs, représentant une forme alternative de télévision, n’a été retenu. De toute évidence, il en sera de même pour les canaux locaux qui seront attribués aux grands groupes de communication.

La représentation des téléspectateurs au C.S.A est une étape dans la nécessaire démocratisation de l’audiovisuel.

Il nous semble essentiel de réclamer leur participation à l’élaboration de la politique audiovisuelle, leur représentation, et pas seulement à titre consultatif mais aussi avec avis décisionnaire dans les organismes officiels, à commencer par le CSA, car la télévision n’existe que par et pour ses publics, elle doit être faite pour, et avec eux.

Cela porte un nom tout simple : la démocratisation. Laquelle implique également une modification du rapport de caractère “ féodal ” qui existe entre les chaînes de TV, aux mains de quelques-uns, et la grande masse du public.

Elle ne pourra se faire que sur une volonté et une décision politiques. Notre candidature est donc un appel aux plus hautes autorités de l’État pour donner une impulsion symbolique à la démocratisation de l’audiovisuel, mais ne constitue pas une fin en soi. Un large débat public et des réformes seront nécessaires pour la rendre effective.

La représentation des téléspectateurs au C.S.A est une étape dans la nécessaire évolution du C.S.A. :

Quel que soit son statut (public ou privé), la télévision a des responsabilités envers son public et l’ensemble de la société. Par conséquent, sa gestion et son développement doivent être soumis à des mécanismes de régulation et de réglementation pour parer à toutes dérives.

C’est le rôle du CSA. Mais force est de constater qu’il le remplit mal, se satisfaisant d’une “politique du moins pire” en comparaison avec ce qui se pratique dans d’autres pays.

À cela plusieurs raisons :

- Une marge de man¦uvre assez étroite, les médias ayant tôt fait de dénoncer une “censure” et d’en appeler au grand public au nom du principe de la “défense de la liberté d’expression”. En effet, autant les médias continuent parfois à utiliser et à retourner l’opinion publique en leur faveur quand le besoin s’en fait sentir, autant les politiques, eux, par peur de se voir reprocher un retour au contrôle de la puissance publique sur la TV, ont délaissé toute véritable “politique de la télévision” au profit de mesures au coup par coup.
- Les membres du CSA étant tous des “professionnels de la profession” ou en tout cas issus du milieu, le conseil est devenu davantage, un organisme régulateur des conflits économiques et de répartition du marché qu’un organisme sensé défendre les intérêts des téléspectateurs et un paysage audiovisuel pluraliste.

Il est donc essentiel qu’une autre voix se fasse entendre et défende les intérêts des citoyens-téléspectateurs au sein du C.S.A..

“ Un téléspectateur au C.S.A ”, c’est une étape dans la nécessaire reconnaissance d’une expression collective des téléspectateurs :

Alors que, dans de nombreux secteurs de la société (santé, école, ...), la participation des usagers, à travers leurs associations, à la concertation et aux prises de décisions est reconnue, elle ne l’est pas dans l’audiovisuel.

Monsieur Dominique BAUDIS, Président du C.S.A., lors d’une journée de débat organisé par la Commission KRIEGEL, le 5 novembre 2002, affirme en substance : “ les téléspectateurs, c’est moi ! Je reçois de quarante à soixante-dix lettre par jour et je sais donc ce qu’ils attendent ”. Comme l’ensemble de l’audiovisuel, Monsieur BAUDIS ne conçoit qu’une relation directe et exclusive entre l’individu - téléspectateur et l’institution (C.S.A, chaîne, médiateur, ...).

De plus, force est de constater que les possibilités d’expression des téléspectateurs et d’infléchir les politiques audiovisuelles n’ont pas beaucoup évolué et ont même régressé depuis 15 ans que les Pieds Dans le Paf existent. Les médiateurs mis en place sur les chaînes du service public ne suffisent pas à masquer l’absence de prise en compte des souhaits des téléspectateurs. “ Quant aux relations avec les auditeurs en réponse à leur courrier, quelle qu’en soit la forme, elles subissent un biais systématique (dû au fait que toute la population française ne fait pas l’effort, ou n’a pas le temps, d’écrire, et que, lorsqu’elle le fait, c’est sans doute plutôt pour se plaindre de graves excès, de manière ponctuelle) ” (rapport de M. MARTIN LALANDE, 2002).

Il est donc nécessaire qu’une expression collective des téléspectateurs puisse exister et être prise en compte.

Pourquoi une candidature des Pieds dans le Paf ?

Dans la continuité du combat de notre association :

Dès sa création en 1988, l’association “ Les Pieds dans le Paf ” a eu pour objectif de donner une voix aux téléspectateurs pour que la télévision réponde mieux à leurs besoins, à leurs goûts, à leurs préoccupations. Cette candidature se situe dans la continuité et la logique de son action. Ce n’est donc pas une candidature opportuniste..

Sur des thématiques qui inquiètent les citoyens-téléspectateurs et sur lesquelles il faut agir aujourd’hui :

Depuis 17 ans, nous avons agi et alerté sur la plupart des dérives de la télévision qui sont dénoncées aujourd’hui :

- Le basculement de la télévision dans le tout (ou presque) commercial s’est concrétisé dans les phénomènes actuels de la télé-réalité et l’information-spectacle. Nous l’avions pressenti et déjà dénoncé lors d’émissions comme, par exemple, Témoin N°1 et la Nuit des Héros.
- L’absence d’éducation aux médias et de prise en compte des effets de la télévision sur le public enfants et jeunes.
- L’absence de démarquage du service public vis-à-vis des chaînes commerciales, alors qu’il devrait être une référence, et que pour cela il lui faut des moyens renforcés, à la hauteur de cette ambition.
- L’absence de démocratisation de l’accès à la diffusion, empêchant l’existence d’une télévision différente en dehors des schémas commerciaux et de service public.

Nous ne pouvons plus nous contenter de jouer les Cassandre, d’attendre que la situation se dégrade plus encore, avant que l’on nous dise que nous avions- en toute modestie- raison, mais que désormais plus rien n’est possible.

Pour représenter et non confisquer l’expression des téléspectateurs

De nombreux citoyens, des associations ou des experts partagent notre analyse. Ils sont actifs et pertinents sur une ou plusieurs des problématiques que nous venons d’évoquer et nous essayons de nous impliquer au maximum de nos possibilités dans des actions communes.

Nous considérant comme des “généralistes”, nous souhaitons, s’ils en sont d’accord, les représenter au sein du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Cela signifie que nous poursuivrons et développerons la concertation. Nous n’avons pas de volonté hégémonique. Nous souhaitons que la citoyenneté audiovisuelle se développe, qu’elle soit multiple. Il ne s’agit donc pas de confisquer l’expression des téléspectateurs et des associations, mais bien de la porter pour qu’elle soit reconnue. C’est de fait une responsabilité phénoménale et ambitieuse mais aussi une exigence. Nous ne doutons pas que l’on saurait nous rappeler à l’ordre s’il en était autrement.

Pour la reconnaissance d’une représentativité des Pieds dans le Paf

“Vous êtes une association de téléspectateurs et non l’association des téléspectateurs” nous disent Dominique BAUDIS et certains de nos interlocuteurs des médias. Toute organisation collective serait donc forcément suspecte (de défendre des intérêts particuliers, de vouloir prendre la place...). L’argument est toujours opposable à toute association d’usagers mais est-ce une raison suffisante pour nous exclure des débats ?

“ Il est vrai que les associations de téléspectateurs ont progressivement disparu, une seule (les Pieds dans le PAF) demeurant active, après avoir connu une longue phase de sommeil. Sa représentativité est généralement estimée trop faible pour que les opinions qu’elle professe soient prises en compte. Mais cette représentativité ne peut précisément être développée, faute de moyens juridiques, et faute de moyens matériels. De même, la pluralité des opinons n’existe pas, en l’absence de structures alternatives à celle encore en activité ” répond Monsieur MARTIN LALANDE dans son rapport 2002.

Par cette candidature, et la campagne de soutien qui l’accompagne, nous souhaitons, en premier lieu, démontrer une représentativité (dans l’esprit que nous avons développé précédemment) pour pouvoir peser dans les débats et que soient organisées l’écoute et la prise en compte de l’expression des téléspectateurs.

Alors que l’engagement citoyen (associatif, syndical, politique) est en chute libre, nous pensons effectivement qu’il vaudrait mieux valoriser et soutenir ceux qui agissent et se soucient de l’intérêt général, et surtout dans l’audiovisuel qui concerne l’ensemble des Français.

Contacts :

LES PIEDS DANS LE PAF
Association Nationale des Téléspectateurs et Auditeurs
Site : www.piedsdanslepaf.com

Président : Denis ROUGÉ
43 rue Aristide Briand
44550 SAINT MALO DE GUERSAC
Tél. : 02 40 91 15 71 / 06 60 05 15 71
Fax : 08 25 19 52 47
E. mail : pafnat@piedsdanslepaf.com

Vice-Présidente : Mélanie LESAUX-GLAYMANN
48 avenue Maurice Thorez
78260 ACHERES
Tél. : 01 39 22 11 85 / 06 74 60 02 35

E. mail : lespiedsdanslepaf@free.fr

LES PIEDS DANS LE PAF

Association Nationale des Téléspectateurs et Auditeurs
43 rue Aristide Briand 44550 SAINT MALO DE GUERSAC
Tél. : 02 40 91 15 71 / 06 60 05 15 71
Fax : 08.25.19.52.47
Site : www.piedsdanslepaf.com
E. mail : pafnat@piedsdanslepaf.com

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