Procès de l’évasion fiscale, Dax 9 janvier 2017

mercredi 11 janvier 2017 dans Ici et là


Faisons le procès de l’évasion fiscale ! Forte mobilisation autour du procès de Jon Palais premier « faucheur de chaises » à être poursuivi en justice.
Le procureur a demandé la relaxe, la décision du tribunal, sera rendue le 23 janvier.


Caroline Joly, Jon Palais et Eva Joly.

Dax, 9 janvier 2017,

Le début d’un procès populaire contre l’évasion fiscale.

Nous nous rendons - l’équipe de TV Bruits - à Dax, en ce Lundi 9 Janvier 2017, pour assister à une journée un peu particulière : le procès de Jon Palais. Ce militant de Bizi est accusé par la BNP de lui avoir dérobé des chaises à Paris en Décembre 2015, une action militante et non violente, à des fins de dénonciation de l’implication de cette banque dans le cadre des évasions fiscales.

Jon Palais risque alors 5 ans de prison, et 75000 euros d’amende, pour avoir emporté 14 chaises, qui ont été rendues lors de la COP 21 à Paris. En sachant que la BNP est une des banques possédant le plus de filiales dans les paradis fiscaux et détournant quelques milliards chaque année, autant dire que le coût de la chaise est en hausse.

Face à l’ironie de la situation, et au cynisme de la BNP (celle-ci ne réclamant qu’1euro symbolique de dédommagement – le coût de l’évasion fiscale globale est estimé à environ 1000 milliards d’euros en Europe), la journée s’annonçait populaire, militante et festive. Des cars étaient prévus au départ de Bayonne, mais aussi de Toulouse, et des soutiens de toute la France se sont mobilisés.

On se rend alors dans les Halles de Dax, mises à disposition en soutien, par la mairie. Nous arrivons pour la table ronde réunissant les futurs candidats à la présidence française. Aucun représentant du PS plus à droite qu’Hamon, ni de centriste, LR n’étaient présents bien entendu. Il aurait été sarcastique de vouloir parler d’évasion fiscale quand on est soi-même concernés par les causes de celle-ci. Les avis convergeaient donc : lutter contre l’évasion, faire sauter le verrou de Bercy, et mettre sous les verrous ceux qui sont responsables de la perte colossale de cet argent public. La salle est pleine, les questions s’enchainent malgré le court temps alloué. L’assemblée se soulève à la première intervention du public « puisque vous êtes tous d’accord, pourquoi ne présentez-vous pas un seul candidat commun pour la présidentielle, tiré au sort ? » Applaudissement général, sourire crispé chez les candidats. Seul Pierre Larouturru de Nouvelle Donne répondra positivement, les autres préférant parler de leurs divergences ou occulter la question. La place de l’égo est-elle plus forte que l’intérêt général ?

Une assiette végane rapide et la journée s’enchaine. Conférence de presse, et on défile vers le tribunal de Dax. Certains sont déguisés, d’autres arborent les t-shirts de leurs organisations, des dizaines de panneaux fabriqués pour l’occasion sont érigés : « stop évasion fiscale ». Des slogans se scandent « c’est pas les faucheurs qu’il faut juger mais l’évasion fiscale en bande organisée » « nous sommes tous des faucheurs de chaise ». Le ton est à la solidarité, et l’assemblée est unanime, le coupable n’est pas Jon Palais mais bien les banques responsables de l’évasion fiscale, comme l’indique la banderole tendue devant les grilles. C’est alors qu’il fait son apparition au milieu de la foule accompagnée d’Eva et Caroline Joly, ses avocates, ainsi que des représentants des organisateurs de l’évenements, ANV-COP21, ATTAC, Bizi, les Amis de la Terre. Après quelques photos accompagnés des personnalités présentes à la table ronde, ils se dirigent tous les trois à l’intérieur de la cour du tribunal, sécurisée par les membres des orga, et quelques CRS (quelques cars étaient quand même présents, ainsi que deux CRS à jumelle sur le toit, on ne sait jamais !)
C’est alors que la manifestation démarre, avec un mot d’ordre, festif mais aucune dégradation, aucun autocollant, il faut rester crédible et respecter la ville qui nous accueille. Le cortège est mené par les représentants des orgas tenant une banderole suivi d’une vingtaine de personnes, chaises au poing levé. Le chanteur d’HK et les Saltimbanques est là pour mettre de l’ambiance, et donc les gens chantent, dansent, et scandent les refrains des chansons engagées « on lâche rien » et « niquons la planète ». Aucun débordement comme annoncé, tout le monde espère que le procès se passe en faveur de Jon.

Retour aux halles donc, où un artiste poursuit sa fresque. Des intervenants vont défiler à la tribune pour manifester leurs soutiens à la cause et à Jon – entre autre José Bové, tandis qu’à l’étage une conférence gesticulée se tient. Le temps passe, il est quasiment 18h quand les organisateurs forment une allée centrale, et redonnent les pancartes de la manifestation au public, afin de pouvoir accueillir Jon et Eva Joly au retour du tribunal. Il y avait déjà eu des échos « tout s’est bien passé » « le procureur a requis le non lieu »… Ils montent alors sur l’estrade, prennent la parole chacun leur tour, d’abord Eva Joly puis Jon, qui termine sur un mot pour les réfugiés. Ils se disent confiant, parlent d’un bel exemple de solidarité en ce jour, affirme que cet acte de désobéissance civil est juste dans cette société telle qu’elle est, et rappelle que la BNP a déjà perdu, car d’un, elle n’a même pas pris la peine de se présenter et d’être représentée, et de deux car elle a permis en lui faisant un procès d’avoir son propre procès à elle, populaire et légitime !

La journée se termine, les concerts s’enchainent pour clôturer, nous reprenons la route, la tête pleine de souvenirs de cette journée, les caméras remplies d’image. Nous sommes fatigués mais nous partageons cette lutte, et le cœur est ce soir bien enjoué !

Cindy Sauvaigo

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