Le collectif SDF dénonce le harcèlement de la mairie
« Les SDF subissent une pression et un harcèlement de la mairie pour nettoyer la ville avant la Coupe du monde de rugby », a dénoncé hier le collectif SDF de Toulouse. « Le trottoir appartient à tout le monde et la mendicité n’est pas interdite. Quelqu’un qui fait la manche pacifiquement ne peut pas être viré », a expliqué son porte-parole, Jean-Marc Legagneux.
Selon eux, le nombre de procès-verbaux dressés par la police municipale aurait augmenté depuis quelques mois. Des amendes n’ayant aucune valeur. « Ces PV n’existent pas car ils ne sont pas nominatifs : aucune identité n’y est relevée. Ils sont ubuesques », a indiqué leur avocat, Christian Etelin. « Une démarche amiable devrait être entreprise auprès du procureur de la République pour qu’il en discute avec la police municipale », a-t-il rajouté. De son côté la mairie nie avoir donné des instructions particulières et ne constate aucune inflation du nombre de PV dressés par la police municipale. « A Toulouse, elle dresse quatre à six PV par jour depuis six mois. La loi prévoit une sanction pour les personnes avec des chiens qui ne sont pas tenus en laisse et ceux en état d’ébriété sur la voie publique. La police tente de faire le maximum de social », a indiqué Jean-Paul Escudier, le maire adjoint chargé de la police municipale. « La mendicité agressive est sanctionnée », a-t-il complété avant de rajouter que « la jurisprudence n’est pas assez bien définie pour limiter précisément l’acte agressif ».
Amandine Rancoule - ©2007 20 minutes
Article paru dans la Dépêche du Midi, septembre 2007
SOCIÉTÉ. LE COLLECTIF SDF DÉNONCE UN HARCÈLEMENT ACCRU DE LA PART DES POLICIERS MUNICIPAUX À L’APPROCHE DE LA COUPE DU MONDE DE RUGBY. LA MAIRIE CONTESTE. Les SDF bottés en touche
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De longue date, les SDF se disent victimes de harcèlement de la part de la police municipale. Qualifiés il y a quelques mois de « marginaux agressifs » effrayant les « honnêtes gens » par le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, ils n’avaient jusqu’ici que leur bonne foi en guise d’arguments.
Depuis la semaine dernière ils disposent de preuves. Équipés d’un caméscope et d’un lecteur MP 3, ils ont procédé à un testing au centre-ville. Place du Capitole, rue Croix-Baragnon, devant les Galeries Lafayette. Dans les deux premiers cas, on y voit les policiers municipaux inviter plus ou moins poliment les SDF à « se casser » au prétexte que la mendicité est interdite à Toulouse.
Dans le troisième, ce sont les vigiles du magasin qui bousculent un SDF avant qu’une responsable des Galeries lui signifie : « Il y a des consignes de la direction. Pas de clochards devant le magasin. » LES PREUVES BIENTÔT SUR DAILY MOTION
Jean-Marc Le Gagneux, porte-parole du collectif SDF a annoncé hier que ces enregistrements seront mis en ligne très prochainement sur Daily Motion. « Les SDF ne sont pas des cafards. Dès qu’ils sont trop visibles, on les chasse » dénonce-t-il en rappelant ce fâcheux épisode du mois de mars lors duquel les tentes et toutes les affaires de quatre SDF dormant sous le pont Saint-Michel avaient été saccagées par les policiers municipaux : « Six mois plus tard, on attend toujours une réponse du procureur de la République. Aujourd’hui, déplore-t-il en montrant une liasse de PV « dressés pour faire peur (lire par ailleurs) », la pression devient insoutenable dans la rue. Ils sont en train de nettoyer la ville pour la Coupe du Monde de rugby. »
Ce que conteste Jean-Paul Escudier, le conseiller municipal chargé de la police municipale : « Il n’y a eu aucune instruction donnée à l’approche de la Coupe du Monde. Ni de ma part ni de celle du directeur de la police. Et le chiffre de PV - entre quatre et six par jours - est constant. Ils sont dressés pour ivresse publique manifeste, divagation de chien ou occupation abusive de l’espace public ». Jean-Paul Escudier reconnaît toutefois le flou de la notion de « mendicité agressive » que la mairie combat, à défaut d’avoir pondu un arrêté anti-mendicité, et son absence de fondement juridique.
Le harcèlement, alors ? « Non, mais plus de présence policière, ajoute-t-il. Pas pour de la répression, mais pour plus de contact, pour orienter les gens vers les structures sociales ou médicales. Nous leur indiquons par exemple qu’ils disposent d’un terrain de camping, avec des sanitaires, à Rupé. Autant demander l’aumône dans le désert.
Une hypothèse que le collectif SDF considère de toute façon hors sujet : « Notre action ne se situe pas dans une lutte pour le droit au logement ; nous défendons la place des SDF dans la rue, c’est tout ».
Jean-Louis Dubois-Chabert