Drôle de monde où les marchandises et les entreprises voyagent sans entrave, mais pas les gens...Cela crée une économie mondiale basée sur la dénivellation des niveaux de monnaie. Résultat, une chaussure fabriquée en Inde pour 1€ est revendue ici 50€. A qui fera-t-on croire que l’"économie" n’est pas de la triche !? Allons, tout ça n’est pas sérieux ! J’adore son concept de "délocalisation sur place", il met en lumière la vraie nature des frontières aujourd’hui.
Quel sens y-a-t-il à cette politique répressive ? Si l’Europe fait la guerre en Irak ou en Afghanistan, elle doit s’attendre à recevoir la visite des populations qu’elle bombarde. Les émigrants mettent-ils en danger l’assiette du pays où ils s’installent ? On a plutôt l’impression qu’ils le construisent, dans le BTP, et qu’ils compensent un déclin démographique.
La politique d’expulsion a-t-elle un sens ? Regardons froidement les chiffres. On estime à 100.000 le nombre d’immigrants arrivant en France par an ; on en reconduit environ 20.000, avec les méthodes que l’on sait. Une expulsion coûte 20.000 euro, du « centre d’hébergement » (je mets les guillemets car on ne sait pas trop ce qu’il s’y passe) au prix de l’avion en passant par la mobilisation policière. Ça fait 400 millions d’euros par ans. On dévoie donc la police de son rôle citoyen, on mobilise 400 millions d’euros, on perquisitionne les maternelles, on violente les administrations rétives qui ont de la mémoire, pour extraire une goutte d’eau de la mer. Poudre aux yeux ! Monstrueux gaspillage à visée purement électorale ! Je suis POUR la régularisation des sans-papiers, et pour l’expulsion du président Sarkozy, qui ne respecte pas la constitution du pays qui l’a accueilli. Bien sûr, tout ça est compliqué, mais de toute façon, le fonctionnement actuel est trop hypocrite pour que quiconque qui veuille sincèrement le défendre ne soit en état de le faire.
Intéressant, aussi, ce qu’il dit des causes de l’émigration : elles ne sont pas fondamentalement économiques, on ne quitte pas comme ça sa terre, mais suivent un événement dramatique.
L’histoire des migrants actuels reste à filmer.. °°,
Et comme tout ça est un peu court, j’ajoute le poignant TEMOIGNAGE du sociologue Suisse Jean Ziegler (1975), qui nous dit peut-être ce qu’est une frontière.
"Une musique douce ruisselait comme une pluie fine le long des façades blanches de l’hôtel ; sous les lustres, à l’intérieur, un ambassadeur quelconque donnait une réception pour un homme d’affaires quelconque d’une nation d’Europe. Celui-ci levait son verre plein de champagne, saluant en termes posés la mission civilisatrice de l’occident au Congo. Collé à la fenêtre, je voyais mourir les enfants. Les Gurkhas, le dos tourné au bâtiment, imperturbables, se contentaient de frapper, de la crosse de leur fusil, les petites têtes qui, au prix de je ne sais quelle énergie, apparaissaient par intermittence au haut de la barricade. D’autres soldats, munis d’un simple poignard, se contentaient de détacher les enfants mourants pris dans les barbelés, démêlant leurs doigts, ouvrant leurs mains en faisant jouer, entre paume et index, la lame de leur couteau et rejetaient sur la piste les petits corps inertes. Je me suis juré que jamais plus je ne serais, même par accident, du côté des bourreaux."